PREFACE
DEUX CURÉS
Mon grand-père Charles, légitime successeur des
comtes de Rhedae, cedant a l’invitation que lui adressait
l’abbé Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château
(Aude), lui rendait visite le 6 juin 1892. Parmi les
personnes présentes se trouvaient l’abbé Henri Boudet et
M. Elie Bot. Dans ses notes mon aïeul retrace son
passage: «... Un singe, nommé Mêla, cadeau d’une
grande cantatrice, jouant avec un jeune chien appelé
Pomponet égayait le déjeuner. L’abbé Boudet, curé de
Rennes-les-Bains, paroisse limitrophe, me semblait un
homme aussi soucieux de s’éteindre que l’abbé Saunière
l’était de s’allumer. Autant l’abbé Saunière, grand
gaillard brun aux yeux noirs, de près de 1,80 m,
paraissait, autant l’abbé Boudet, avec ses 1,70 m, sa
minceur et ses yeux bleu lavande, disparaissait. Entre les
deux, M. Elie Bot, bras droit de l’abbé Saunière, trapu et
vif, était le conseiller et l’entrepreneur des travaux.
Cependant que l’un dissertait sur les mérites comparés du
vin des Corbières et des vins de Malvoisie, l’autre tirait
argument de ses intestins fragiles pour ne boire que de
l’eau... » Une telle érudition émanait pourtant del’hum-
17
bie curé que son confrère semblait avoir invité par charité
chrétienne que mon grand-père Charles se retrouvait le
soir même au presbytère de Rennes-les-Bains et y passait
la nuit.
L abbé Boudet menait un train de vie conforme à ses
modestes apparences. Le souper fut aussi sommaire que le
déjeuner avait été somptueux. Il y avait pourtant ce que
mon grand-père appelait « le mystère du poisson dans un
plat d argent sur son support d’ébène», peu à manger
certes, mais des couverts d’argent massif. Le prêtre, par
ailleurs, disposait des reliefs d’un musée dont il attribuait
la création au marquis Urbain de Fleury et qui contenait
d inestimables pièces. Sa bibliothèque n’était pas seu¬
lement copieuse mais remplie d’ouvrages qu’on ne
trouvait pas dans le commerce. A un détour de la
conversation le prêtre voulut montrer à mon aïeul son
laboratoire de photographie, nouvel art pour lequel il se
passionnait. A en croire les écrits de mon grand-père,
abbe Boudet donnait l’impression d’un homme assez
riche pour s’offrir le luxe de vivre pauvrement et de faire
beaucoup de bien, cependant que l’abbé Saunière faisait
igure d opulence dans la mesure où il craignait de
retomber dans la misère. On se serait cru dans un roman
de Balzac ou de Fabre.
Le lendemain, 7 juin, l’abbé remettait à mon grand-
père un exemplaire dédicacé :
//o r icx^ -c { ty, ç c -/a ^ /'dL<*Su.
de son livre La Vraie Langue celtique et le Cromlech de Rennes-
les-Bains dont le présent ouvrage est l’exacte repro¬
duction. Sachant par avance que son texte laisserait
perplexe le descendant des comtes de Rhedae, l’abbé
Boudet crut bon de lui indiquer la manière de le lire qui,
je le montrerai dans les pages_qui suivent, est en effet assez
particulière...
L’ŒUVRE ET LA VIE
Alors que Louis-Philippe était roi des Français, un
enfant de sexe masculin naît le 16 novembre 1837 à
Quillan (Aude). C’est Boudet Henri, Jean-Jacques. La
famille vit pauvrement. L’abbé Emile de Cayron re¬
marque l’intelligence précoce du petit Henri et finance
ses études. Le jour de Noël 1861, Henri Boudet est
ordonné prêtre. En 1872 il est promu par Mgr Billard
curé à Rennes-les-Bains où il vient vivre modestement
entre sa mère et sa sœur.
De 1872 à 1880, l’abbé, marcheur infatigable, profite
des visites à ses ouailles pour parcourir sans arrêt le
territoire d’une paroisse que ses pieds vont apprendre à
connaître aussi bien que ses yeux. La contemplation est
austère. «Tout en appréciant la végétation des beaux
jours — écrivait-il à l’abbé Grassaud — je garde ma
tendresse pour l’hiver où la verdure ne dissimule plus les
pierres qui dominent le payage. » Après souper, dans de
longues veilles, il consigne le résultat de ses obser¬
vations.
En 1880, l’abbé Boudet qui tient son livre pour terminé
décide de le publier à frais d’auteur et sur des fonds dont
on ignore la provenance. Quoi qu’il arrive, avec 500
exemplaires, l’affaire ne pouvait être rentable. L’im¬
primeur est François Pomiès, 50 rue de la Mairie à
19
Carcassonne, qui prend son à-valoir. Les épreuves ne
donnent pas satisfaction a 1 auteur qui opère des rectifi¬
cations assez nombreuses pour qu’on puisse parler de
refonte complété. Cela dure six ans. L’ouvrage finit par
sortir en 1886 et à 500 exemplaires, comme prévu. Entre¬
temps, François Pomies a disparu et l’abbé Boudet s’en
est remis à M. Victor Bonnafous, libraire rue- de la
Mairie à Carcassonne, qui en fait achever l’impression et
en assure la vente.
La répartition des 500 exemplaires s’établit comme
suit :
Exemplaires vendus dans l’espace de 28 ans
soit de 1886 à 1914 .’
Hommage gratuit de l’auteur aux bibliothèques,
3.UX ambassades, aux bonnes œuvres
Offrande gratuite aux visiteurs ou aux curistes
susceptibles d’être intéressés .
Reliquat, détruit en 1914 ....
98
100
200
102
500
Soit une édition qui a coûté la somme totale de
5 382 francs-or au prêtre de Rennes-les-Bains pour
98 ouvrages vendus !
Les exemplaires des bibliothèques publiques ont
presque tous disparu de la circulation. Quant à celui de la
Bibliothèque nationale, un malicieux lecteur l’a subtilisé
et remplacé par un roman intitulé Le Cochon d’or. Douce
ironie ! Celui de la bibliothèque de Carcassonne, eu
égard à son très mauvais état, n’est plus délivré. Les
exemplaires offerts à des particuliers, pour la simple
raison qu’ils étaient gratuits, ne se voient plus guère. Le
cas des invendus, des non-offerts, soit ce qu’on appelle
« le bouillon », a paru assez important pour entraîner une
20
mise au pilon. D’aucuns disent que Mgr de Beaùséjour
aurait fait détruire ce bouillon en 1914 dans l’instant
même où il privait l’abbé malade de sa cure. Mais les
écrits de ce dernier semblent prouver que c’est lui-même
qui a donné l’ordre de destruction quand il a été destitué
de la paroisse à laquelle il avait consacré son chef-
d’œuvre. Il y a aussi ceux qui assurent qu’il y eut bien
mise au pilon mais qu’elle visait un opuscule intitulé
Lazare veni foras. Ayant lu ce livre de prières assez morne,
je ne vois pas comment il aurait mérité les rigueurs de
l’autorité cléricale de 1914, d’autant plus qu’il n’a jamais
eu pour auteur 1 abbe Henri Boudet et n’a été imprimé
qu’en septembre 1915 à Toulouse.
LA TOMBE ET LE LIVRE
La mère et la sœur de l’abbé Boudet, décédées en 1895
et 1896, reposent dans le cimetière de Rennes-les-Bains
où le prêtre leur a édifié un tombeau qui avoisine celui
du curé Jean Vié, son prédécesseur. Dix-huit années
durant, l’abbé Boudet ne fréquente plus guère que ses
ouailles. En 1914, alors âgé de soixante-dix-sept ans, il est
destitué de sa cure par Mgr de Beauséjour et il se retire à
Axât où son frère, Edmond Boudet, notaire et auteur de
la carte qui est à la fin du volume, l’a précédé de huit ans
dans la mort.
En effet, 1 état de santé de l’abbé Henri Boudet
s’aggrave et il meurt d’un cancer de l’intestin le 30 mars
1915. Ses restes reposent, selon son désir, non à Rennes-
les-Bains près de sa mère et de sa sœur, mais au cimetière
d’Axat avec ceux de son frère Edmond, décédé le 5 mai
1907 à l’âge de soixante-sept ans.
La pierre tombale exécutée selon les instructions de
l’abbé retient l’attention du visiteur par un petit livre
21
ferme que l’on a sculpté au bas de la pierre. L’usage de
igurer un livre « ouvert » sur une pierre tombale est assez
— — j* 1*\ O 1 ,. marque une volonté
particulière. Sur la reliure, on peut lire : I.X.O I S mot
d apparence grecque dont les dictionnaires ne font pas
mention. La graphie et les points qui s’intercalent entre
CS ^ naIent q u ’ i] doit s’agir d’initiales à un
nsemble a découvrir. Ce livre clos reste l’ultime message
que les deux frères ont laissé à l’initié qui passe saluer
leurs venerables dépouilles.
L’EFFET BOUDET
Quiconque s attendrait à découvrir dans La Vraie
Langue celtique et le Cromlech de Rennes-les-Bains une
monop-aphie du pays serait déçu. S’il n’y avait que cela !
es reactions, lors de la publication, sont diverses. La
reine Victoria d’Angleterre fait envoyer par son secré¬
taire ses félicitations. L’historien Louis Fédié écrit:
«... auteur est un homme compétent qui s’est préparé à
son sujet par de fortes études et de patientes recherches »
Ën mission a Rennes-les-Bains, le R.P. Vannier déclare :
« L abbe Boudet détient un secret qui pourrait engendrer
les plus grands bouleversements... »
1( Jf chronique nécrologique de la Semaine religieuse de
1915 fait état de la vaste érudition de l’abbé. Mais
orsqu en 1887 l’abbé Boudet présente son œuvre en vue
obtenir un prix de l’Académie des sciences de Tou¬
louse, le rapporteur général du jury, M. Lapierre, dans la
seance du 5 juin déclare: «Nous n’avons pas été peu
surpris d apprendre que la langue unique qui se parlait
avant Babel était l’anglais moderne conservé par les
Tectosages. C est là ce que M. Boudet nous démontre par
de prodigieux tours de force étymologiques »
22
'
Il n y eut pas de médaille, et notre abbé devait s’y
attendre. Toutefois, il faut sans doute sensible à l’appré¬
ciation du jury, embarrassé et hésitant, lorsque celui-ci
déclara «qu’il y avait dans* ce volume une somme de
travail qui mérite quelque respect... »
A la première lecture de La Vraie Langue celtique l’abbé
nous paraît baigner en plein délire ; il traite des condi¬
tions dans lesquelles Ezeliel prit part à la fondation du
premier temple de Jérusalem, d’un fait divers publié dans
un journal espagnol ou bien de quelle manière les Gaulois
s y prenaient pour signifier que l’estomac du chameau est
toujours plein d’eau. L’ouvrage pourtant est d’une allure
qui empêche de le rejeter et sème le doute dans l’esprit du
lecteur. L abbé Boudet joue sur les mots, incite celui-ci
à s’interroger, à chercher un codage. Il n’y a pas de
redites à proprement parler, mais une insistance sur
certains thèmes comme la foudre et l’éclair, la porte qui
s’ouvre le 6 e jour...
J’ai eu un jour la sottise de citer au hasard quelques
calembours que suggérait la lecture de ce livre. Mon
interlocuteur, les recueillant, en a déduit que c’étaient
des mots clefs. Il les vend aujourd’hui par souscription, en
faisant en plus payer sa dédicace autographe. Même en
arborant sur le frontispice un « G paré des plumes de
Pan», il est difficile d’admettre que l’œuvre de l’abbé
Boudet puisse apparaître telle une espèce de chambre à
air entièrement faite de rustines. «La Vraie Langue celtique
et le Cromleck de Rennes-les-Bains» exerce un charme, cela
tient à la présence constante de l’auteur dans l’œuvre, ou bien
mais c’est pareil — à un codage permanent et sans faille. Il
n existe pas de mot clef ni de sésame à vendre pour ouvrir
la porte du trésor de l’abbé Henri Boudet.
JEUX DE CARTES
Pour comprendre le secret de l’abbé Boudet, le lecteur
doit se situer dans le temps où il vivait, à la fin du siècle
dernier. Il n’est pas nécessaire d’être historien pour lire
1 ouvrage, mais bien de rêver sur les conditions dans
lesquelles il fut rédigé.
Ayant récusé toute valeur aux mots clefs et insisté sur ce
langage codé qui a entièrement absorbé la vie du prêtre,
je vais prendre ici un exemple : la carte géographique
signée Edmond Boudet qui figure en fin de volume. Les
cinq anomalies que présente ladite carte auront alors
leur justification, soit dans le livre même, soit dans la vie
de l’auteur.
5 1 av ^ s des professionnels de la cartographie, le dessin
d’Edmond Boudet, notaire, est un très beau travail dont
la nécessité ne se faisait pas sentir. En 1886, les techniques
de 1 estampe étaient bien assez développées pour qu’il
suffise de reproduire la carte d’état-major dont on aurait
aboli ce qu’on ne tenait pas à montrer, où l’on aurait
ajouté ce que 1 on désirait, l’emplacement des monolithes
celtiques par exemple. C’est en comparant le travail
d Edmond Boudet avec la carte d’état-major qu’on
s aperçoit de certaines erreurs de tracé qui ne peuvent
être qu’intentionnelles : le tracé du sud aux environs du
Serbaïrou, près du pont qui enjambe le confluent de la
Blanque et de la Sais, est notoirement inexact. Un lecteur
qui s avise du trucage va en conclure qu’on lui cache
quelque chose et courir sur les lieux erronés. Je connais
bien le langage de ce livre pour affirmer que l’auteur est
beaucoup plus anxieux de révéler un secret que de le
cacher: les erreurs ont en effet pour but d’attirer le
lecteur vers des lieux qu’on veut absolument lui faire
visiter.
24
La seconde anomalie de la carte Boudet est l’absence
d’échelle. Si l’on veut savoir à quelle dimension réelle
correspond 1 cm de la carte Boudet, il faut se référer à une
carte échelonnée et faire une règle de trois. Un carto¬
graphe qui publie une carte composée selon une échelle
de son cru, mais qu’il omet de faire figurer, rend sa carte
inutilisable à bien des égards. L’énigme a une solution,
encore faut-il avoir lu le livre et parvenir à en traduire le
sens réel. On apprend à la page 230 que la mesure de
longueur dont se servaient les Celtes était l’ell*. Cette
unité aurait pour longueur 1,404 mille, soit 2,60 m. Ainsi
la carte Edmond Boudet équivaut à une carte d’état-
major où l’ell a été substitué au mètre. Le jeu du prêtre
devient alors étrange ; ayant exhumé d’on ne sait où cet
ell dont il voudrait nous faire croire qu’il était « la largeur
exactement mesurée » des chemins gaulois, il le réincor¬
pore dans une carte de sa composition.
Au cours de ses «Observations préliminaires» l’abbé
Boudet déclare que « par une interprétation exacte » on
découvrira «bien des choses intéressantes au sujet des
roches aiguës qui couronnent nos montagnes». Certes,
mais pourquoi faut-il que les altitudes de ces roches ne
soient pas entièrement correctes ? Pourquoi faire erreur
quand on n’a qu’à copier une carte d’état-major? Parce
que l’on va jouer sur les chiffres comme sur les mots. Voici
le relevé fantaisiste des sommets livré par ordre de total
arithmétique :
Serbaïrou 514 — 5+1+4 =10
Fortin de Blanchefort 544 — 5+4+4 = 13
Bazel 564 — 5+6+4 = 15
Entrée de Rennes 268 — 2+6+8 = 16
Card ou 796 — 7+9+6 = 22
* L’ell est une mesure celtique très variable suivant les tribus et rien ne
prouve que Tell des Redonnes soit vraiment de 2,60 m.
25
Plusieurs phénomènes doivent s’associer dans l’esprit
du lecteur. Ainsi, il devient obsédé par la répétition à
diverses reprises de «la foudre et l’éclair». Et en
s arrêtant aux pages 119 et 124 il trouve une invitation à
rapprocher ces manifestations des totaux précédemment
cites. Il remarque que le cortège ascendant des sommets
ainsi calculés permet de tracer un éclair ou, plutôt, les
fragments d’un éclair. Le nombre 22 est alors placé sur le
plus haut sommet de Rennes, sur le Cardou qui doit son
nom à la déesse des gonds : Cardéa. Il songe alors à la
page 114 du livre et aux 22 lames ou tuniques du tarot
égyptien. Le résultat est encourageant: l’altitude 796
(7+9+6) donne 22, soit l’ultime arcane du tarot, le Mat
ou le Fou ou encore l’Evêque dont le bonnet est la mitre
« qui figure avec honneur sur les manteaux de cheminée »
(p. 256). Cet arcane, ne l’oublions pas, ne possède en
fait aucun nombre et le sommet correspondant peut être
vu du ciel, le point de chute idéal de la foudre, ou de la
vallée, l’origine même de l’éclair. Le Bateleur, début de
ce tarot, est situe au « Cap de l’homme », « c’est la tête ».
L’abbé Boudet l’a découverte alors qu’elle servait de
cible au pic d’un berger et, selon la page 234, on a «été
obligé, au mois de décembre 1884, d’enlever cette belle
sculpture de la place qu’elle occupait». Cette pierre,
transportée à Alet, fut coupée en deux ; le dos gravé d’un
carré Rotas fut conservé par M. Cailhol et la face fut
rapportée au presbytère de Rennes-les-Bains pour l’en¬
châsser dans le mur où elle peut encore être vue.
Une quatrième anomalie se trouve à la légende en bas
de la carte, à gauche :
Menhirs debout
Menhirs couchés
H Dolmens
+++ Croix greques
Le petit exercice précédent avec les chiffres encourage
à lire la légende en acrostiche : M M D C est la version
romaine de 2 600 en chiffres arabes. Curieusement, la
carte mesure 26 cm de hauteur ! On imagine donc qu’aux
multiples valeurs de temps mentionnées dans le livre
doivent correspondre des nîesures de longueur sur la
carte. On voit que chaque centimètre équivaut à 100 ans
et que 26 cm est donc bien 2600, soit MMDC en chiffres
romains. On remarque aussi que ce 2600 est un multiple
du ell, la mesure du chemin celtique et que 1886, date
d’édition de l’ouvrage, multiplié par un ell (2,60 m)
donne 4 km 900.
La cinquième et dernière anomalie est faite du
contraste qui s’établit entre la sévérité toute classique de
la carte et les caractères fantaisistes du titre décalé vers la
gauche : RENNES CELTIQVE. Poursuivant l’interpré¬
tation numérique, il semble que les 14 lettres corres¬
pondent à un signal indiqué aux pages 23 et 68 permet¬
tant de passer du noir au blanc: 14 nuits vont de la
nouvelle lune à la pleine lune et 14 jours de la pleine lune
à la nouvelle lune avec cette idée latérale que le 6 è jour
ouvre toutes les portes (p. 283). Certes, les 14 stations
symboliques du chemin de croix de Rennes-le-Château
qui ont pas mal défrayé la chronique sont assurément
postérieures à la carte de ce livre, mais il faut se souvenir
du «VAL CRUX », Vallée des Croix, nom que l’on don¬
nait au site de Rennes-les-Bains en 1709, au temps où
l’abbé Delmas était curé et écrivait ses mémoires.
La station thermale blasonnait d’ailleurs à l’époque
l’écu de «gueules à croix et cercle d’or». Son répondant
topographique est le lieu-dit « la Croix du Cercle » et il
continue de figurer à ce titre sur le cadastre de la
commune.
26
27
LE ZODIAQUE DE RENNES
«Douze palais étaient enfermés dans une seule en¬
ceinte », avec l’allusion (en se rapportant à Pline) que ces
monuments étaient dédiés au Soleil, telle est la désigna¬
tion du zodiaque faite à la page 84. La page 246 déter¬
mine le centre de ce zodiaque et la page 241 donne les
dimensions pour tracer sur la carte ces deux circonfé¬
rences : 15 et 16 centimètres de rayon. Le génial auteur ne
manque pas d’ajouter que « cette meule devait moudre le
blé (l’or) d’une manière parfaite ».
Le signe du Bélier est désigné par Abel, gardien des
troupeaux donneurs de laine, c’est-à-dire de l’N, symbole
du Nord pour tous et que l’on retrouve deux fois dans le
mot RENNES du titre de la carte. Page 43, l’auteur
insiste sur la distinction de la chaîne avec la trame (trame
de laine, trame de l’N) car la chaîne correspond aux
lignes verticales T J, tracées à partir des lettres N de la
carte alors que la trame signifie la ligne inverse \
F ne ^formation très subtilement dispensée aux pages
227 et 231 permet de situer le signe du Bélier (Abel) vers
le confluent de la Sais et du Rialsès, exactement au Roc-
Nègre, l’Ariès de Nègre ou Bélier Noir, selon l’inscription
gravee sur une pierre tombale !
Avant d’aller plus avant, résumons ce qui précède et
dissipons les malentendus qui peuvent s’être glissés dans
l’esprit du lecteur:
1) Par codage astronomique, l’abbé Boudet indique
douze dépôts et leur position correspond pour chacun à
un palais du Zodiaque, celui-ci débutant vers Blanche-
fort, à 0° du Bélier sur Roc-Nègre.
2) Par codage cartographique, une erreur détermine
au confluent Blanque-Sals la mine de Jais du Serbaïrou.
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3) Par codage du tarot, l’éclair part du Cap de
l’Homme pour se terminer au Cardou.
Ce codage est parfait. Rennes-les-Bains, avec une
circonférence (p. 225) de 16 à 18 km, fait figure d’une
banque ayant douze coffres qui s’ouvrent chacun avec un
numéro particulier. Ceci n’implique d’ailleurs pas que
certains coffres détiennent encore un dépôt.
Le croquis qui accompagne mon texte indique le
codage des pierres tombales qui existaient au cimetière de
Rennes-le-Château avant la publication du livre Boudet
et qui donnaient des indications similaires. La pierre
horizontale mentionnait les douze caches par l’inter¬
médiaire des 14 lettres de notre devise latine transcrite en
lettres grecques : ET IN ARCADIA EGO. La pierre
verticale marquait le lieu exact où l’UNE des douze
caches se trouve. Le code était: M.D.SEPT = 1507.
L’unité de mesure utilisée était le M, le mille, d’une
valeur de 1852 mètres. L’abbé Boudet déclare page 84:
1500 appartements dans le labyrinthe aux multiples
détours, construit par Mesraïm, dédiés au Soleil. Le
lecteur désormais habitué aux jeux de mots de l’abbé
Boudet a sans doute déjà déduit : M... puis: 1500... et 7
(chiffre du soleil), soit le code : 1507. Curieusement, on
peut lire sur cette dalle : D’ARLES DAME... «Dame
d’Arles» fait penser alors à la dénomination donnée par
Maurice Magre pour désigner les arènes de cette ville :
Qui parle d’arènes sous-entend le jeu du Taureau, dérivé
de l’ancien culte du bœuf Apis. Or Apis,c’est aussi
l’abeille dont le bourdonnement serait détesté, comme
l’affirme l’abbé Boudet page 122 à propos du lever et
du coucher du SOLEIL.
L’abbé Boudet a pu donner dans l’astronomie, la
mythologie, la Bible et d’autres méthodes plus ou moins
admises, exactement comme il traitait du « Cromleck de
29
Rennes-les-Bains » qui demeure conjectural. Il a pu nous
induire en erreur. Mais le lecteur éclairé comprend
maintenant qu une certaine imagerie ne doit être retenue
que comme élément dans la construction de son œuvre.
LA CANNE DE L’ERMITE
Si 1 on trace un trait vertical depuis la lettre U écrite en
V romain qui se trouve dans le titre de la carte, on tombe
dans la légende des pierres celtiques. Cette ligne corres¬
pond au méridien O qui coupe l’hexagone français en
deux parts égalés. Il est très exactement dans le prolon¬
gement de la ligne dorée du gnomon de l’église Saint-
Sulpice de Pans dont la fête du saint patron est le
17 janvier. Celui qui visitera ce lieu aura matière à
reilexion ; il y trouvera notamment, de part et d’autre de
la ligne du méridien, deux tableaux de Signol : la Monde
Jésus et 1 Epee au fourreau. «MORT» et «EPEE» sont
aussi les deux mots qui apparaissent anormalement dans
1 epitaphe de la pierre tombale de la marquise de
Blanchefort, de Rennes-le-Château. L’abbé Boudet à la
fîïïnÏ 5 6St encore P Ius ex pHcite sur la question de
MORT, et à la page 217 sur L’EPEE.
A Rennes-les-Bains, le méridien passe entre Serres et
Peyrolles, voisinant le tombeau d’Arques dit des « Bergers
d Arcadie», pour continuer sur le Serbaïrou à l’endroit
ou se trouve une pierre de près de 2 m de haut portant
gravee I inscription latine : « Ad Lapidem Currebat Olim
Regina » (vers la pierre courait jadis la reine). Cette
reine, c’est la ligne rouge du méridien, «Rose-Line»
écrirait l’abbé Boudet. Peut-être aurait-il raison car
Roseline, abbesse de la « Celle aux Arcs », a sa fête le
17 janvier... et sa légende mérite lecture*.
Imaginons la psychologie de l’abbé Boudet. Nous
savons qu’il a passé des années à composer puis remanier
son livre dont il n’était jamais satisfait. L’échec près du
monde savant de 1’ Académie.des sciences de Toulouse lui
a donné l’idée de faire un complément à sa publication de
1886. Il a songé et résolu d’en laisser une illustration.
Tout comme l’échelle de sa carte figure dans le livre à un
endroit inattendu, les illustrations du livre allaient
paraître ex libris. Nous les trouvons à Rennes-le-Château
où le jeune curé Saunière était disponible : les livres de
comptes de l’abbé Boudet confirment ce raisonnement.
Pendant plusieurs années Marie Denarnaud a reçu des
sommes considérables qui permirent à l’abbé Bérenger
Saunière de construire et de vivre en milliardaire... Mais
un jour est venu où les dons ont tari : « Le plan Boudet
était achevé. » L’abbé Saunière n’avait rien à lui, il était
incapable de déchiffrer lui-même le chef-d’œuvre, et a dû
se livrer à des expédients pour subsister !
Ces illustrations, nous les trouvons dans l’église de
Rennes-le-Château. L’abbé Henri Boudet en est l’archi¬
tecte.
« Le centre de Rennes-les-Bains se trouve dans le lieu
nommé, par les Gaulois eux-mêmes, le CERCLE. » Cette
citation de l’abbé Boudet à la page 246 est en effet exacte
puisque la source du Cercle se trouve près du fauteuil du
Diable; aussi a-t-il voulu l’illustrer très parfaitement
dans l’église de Rennes-le-Château en reproduisant près
de l’entrée un diable formant de sa main droite un cercle.
Mieux, l’auteur de La Vraie Langue celtique avait fait
* Dans l’église de Rennes-le-Château, sainte Germaine de Pibrac rem¬
place sainte Roseline. Voir le livre de Hubert Larcher, Le sang peut -il vaincre
la mort, p. 460.
30
31
déposer dans une niche sous le porche de l’église de sa
paroisse une croix sur un socle de pierre portant la devise
de Constantin : « In hoc signo vinces » dont la traduction
exacte est. « Par ce signe tu vaincras ». De nouveau il fait
reproduire l’inscription avec une variante au-dessus du
bénitier soutenu par le diable à Rennes-le-Château ;
cette fois l’on peut lire :
PAR CE SIGNE TU LE VAINCRAS
123 45 6789 10 1112 13 14 15 1617 18 19 2021 22
Aux 20 lettres de la devise on a ajouté 2 lettres pour
obtenir le nombre 22 du tarot, celui qui forme «l’éclair» ;
les lettres ajoutées sont les 13 et 14, donc 1314. Cette date
est celle de la disparition de l’ordre du Temple dont
l’étendard Beau-Céan était noir et blanc. Or, le diable
fixe de ses yeux de verre l’échiquier formé par le sol noir et
blanc. Là encore l’abbé Boudet redonne l’illustration de
son livre où il insiste sur le Blanc et le Noir, depuis la
citation de Blanchefort « cette roche blanche qui frappe
les yeux, tout d’abord, est suivie d’une assise de rochers
noirâtres, s étendant jusqu’à Roko Négro» (page 231),
jusqu’au jour et à la nuit.
Les deux prêtres ont signé ce travail, car au-dessus du
diable, soutenu par deux « basilics » (petits rois) liés d’un
anneau, se trouve un cachet rouge aux lettres d’or
«B.S. », initiales de Boudet-Saunière.
Le lecteur comprendra que cette préface ne pourrait
suffire pour décrire toute la décoration de l’église de
Rennes-le-Château qui n’est que l’illustration du livre
de l’abbé Boudet et la représentation symbolique des
lieux de Rennes-les-Bains.
A 1 extérieur même, un socle wisigoth qui soutient la
Vierge de Lourdes est retourné et porte 1891 ; il fut placé
32
lors de la mission de Rennes-le-Château à laquelle assis¬
taient Mgr Billard et l’abbé Henri Boudet. Ce dernier,
profitant de l’inondation qui a atteint Rennes-les-Bains’
en a marqué la hauteur et a fait placer un médaillon sur le
côté de son église: «CRUE - 1891 ».
La providence est parfois débordante, car ce nombre a
une valeur d’or. Si un visiteur avisé replaçait le socle de la
Vierge dans le bon sens, il pourrait lire 1681 !
U ne stèle funéraire fait mourir la marquise de Blanche-
fort, dernière châtelaine de Rennes-le-Château, en date
XVII JANVIER MDCOLXXXI
et cette erreur délibérée prête à confusion. La marquise
est morte en 1781 et l’on a substitué au C un O que les
chiffres romains ignoraient. Il est évident qu’il faut sauter
le O pour lire 1681 ou pour s’en servir comme pivot, ce
qui donne 1891.
Lors de la publication du livre en 1886, cette stèle
funéraire existait, et l’abbé Boudet en donne le codage. Il
utilise même la date d’édition de son ouvrage pour
obtenir 1886 élis, soit, multipliés par 2,60 m, la distance
de 4900 mètres a vol d oiseau du tilleul du cimetière de
Rennes-les-Bains à une vieille croix de pierre dédiée à
sainte Madeleine à Rennes-le-Château. En 1891, la
Tour Magdala n existait pas et à sa place « la croix »
dominait toujours la vallée sur la pointe du roc. Par
contre, les dalles de la marquise avaient été effacées par
l’abbé Saunière sur l’ordre de l’abbé Boudet. C’était
maintenant 1 église qui illustrait le livre La Vraie Langue
celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains.
Le Grand Maître de Rennes-le-Château est bien
1 humble abbé Boudet dont le superbe abbé Saunière est
le superbe second. Si une conclusion s’impose, nous la
trouvons avec la tombe de Jean Vié qui, dans le cimetière
33
de Rennes-les-Bains, est contiguë à celle où reposent la
mère et la sœur de l’abbé Boudet. Un habile sculpteur,
profitant de la sonorité Jean Vié = janvier, s’est arrangé
pour mettre en vedette le nombre 17 qui figure ainsi sur la
pierre tombale. Il a vécu, déclare son épitaphe, soixante-
quatre ans, autant que de cases sur le jeu d’échecs, dont
32 années blanches dans le civil et 32 noires dans les
ordres. Etant le prédécesseur de l’abbé Boudet à la cure
de Rennes-les-Bains, l’abbé Jean Vié s’intégre dans un
système qui donne aux Bains la priorité sur le Château.
D’où l’on revient avec la certitude que l’abbé Boudet est
le Maître de l’abbé Saunière.
SOUVENIRS RECONSTITUES
Les premiers sentiments sont toujours les plus vrais.
Mon grand-père Charles avait saisi d’instinct en 1892
que l’abbé Boudet présentait un intérêt que l’abbé
Saunière n’avait pas. Je n’ai personnellement connu ni
l’un ni l’autre, et les anecdotes sur la vie des deux me
furent racontées par Mlle Marie Denarnaud, servante du
défunt abbé Saunière.
En août 1938, je me suis rendu à Rennes-le-Château
afin d’y récupérer les lettres que l’abbé Saunière avait
reçues de mon grand-père. C’étaient les vacances, et je
n’avais pas vingt ans. «Marinette», comme on la
nommait dans le pays, m’avait très aimablement offert
l’hospitalité de la villa Béthania ; j’y suis resté trois jours.
Nous avons fêté le soixante-dixième anniversaire de la
vieille demoiselle. Au cours de ces journées mon hôtesse a
évoqué un portrait des deux disparus Boudet-Saunière.
C’est ainsi que l’abbé Saunière m’est apparu comme un
bon vivant, un homme fruste et malin, disposant d’une
culture sommaire sans aucun rapport avec l’ardeur
intellectuelle et la passion de savoir qui animaient son
confrère de Rennes-les-Bains.
Il m’a été impossible de tenir la promesse que j’avais
faite à Mlle Marie Denarnaud de revenir la voir l’année
suivante. En 1939 c’était la guerre. Les événements qui
l’ont suivie ne m’ont permis de revenir dans mon pays du
Razès et de revoir Rennes-le-Château qu’en 1965. Le
marquis Philippe de Cherisey m’accompagnait. C’est un
ami que je connais de longue date et qui s’intéresse
beaucoup à l’histoire de Rennes. Mlle Denarnaud, ayant
petit à petit liquidé le mobilier qu’elle possédait et vendu
ses domaines à M. Noël Corbu, était morte depuis une
douzaine d’années. Le nouveau propriétaire qui avait
métamorphosé la villa Béthania en hôtel nous y reçut fort
bien. Il nous raconta la « nouvelle histoire du trésor de
Rennes-le-Château » avec force détails qui nous laissè¬
rent stupéfaits. De cette rencontre je garde le souvenir
du dialogue suivant :
Cherisey — Avez-vous lu le livre de l’abbé Boudet ?
Noël Corbu — Non, il vient d’être publié...
Cherisey — Il l’a été en 1886, votre église en est l’illus¬
tration.
Noël Corbu — Vous ne croyez pas au trésor de Rennes-
le-Château ?
Moi — Il n’y a pas de trésor sur le territoire de Rennes-
le-Château.
Noël Corbu — Vous désapprouvez les fouilles?
Mm — Je désapprouve les chercheurs de trésors qui ne
cessent de saccager les propriétés. Ce n’est pas en faisant
des trous à Roc-Nègre, à Blanchefort, à la Madeleine,
aux mines de Jais ou au Diable qu’ils découvriront
quelque chose. Là ne se trouvent que des points de
repères permettant de géométriser certains lieux.
34
35
Mon interlocuteur quittait la région quelques mois
plus tard, et M. Buthion, homme fort sympathique, lui
succédait à Rennes-le-Château.
CONCLUSIONS
L’on sait que l’abbé Boudet est mort à Axât, mais ce
que l’on ignore c’est qu’à son chevet se trouvait l’abbé
Saunière, l’assistant dans ses derniers instants. Depuis six
ou sept ans les prêtres ne se causaient plus. Cette récon¬
ciliation devant la Mort, face à l’Epée de la Justice di¬
vine, a marqué un nouveau tournant de la vie de l’abbé
Saunière, et Mlle Denarnaud, qui me raconta cet
épisode, me laissa entendre que son curé en 1916 formait
de grands projets que le destin ne lui laissa pas le temps de
mettre à exécution. Lorsque l’abbé Saunière décéda le 22
janvier 1917, il connaissait le secret de l’abbé Henri
Boudet, celui-ci le lui avait confié dans ces derniers
instants.
L’abbé Henri Boudet comme son frère Edmond
Boudet n’avait pas d’héritier direct. Ce qu’ils laissaient
aboutit entre les mains de la sœur de la femme
d’Edmond.
Les ouvrages de la bibliothèque de l’abbé et certains de
ses papiers sont allés à la décharge publique d’Axat.
Les livres de comptes de l’abbé, reliés en très beau cuir,
également jetés à la décharge publique, ont suscité
l’intérêt d’une personne d’Axat qui les a transmis à son
fils, aujourd’hui âgé de soixante-quatorze ans, et qui a
gardé un souvenir assez précis du défunt.
Trois caisses de manuscrits se trouvent à Quillan, ainsi
que quelques photographies prises par lui-même, en
particulier de l’abbé Saunière avec son chien Pomponet,
le tout étant entre les mains d’une arrière-petite-nièce par
alliance de l’abbé Boudet.
Les livres de comptes ne doivent leur sauvegarde qu’à
leur riche reliure, mais il manque l’intervalle de 1891 à
1894. Voici en abrégé la teneur de cet ensemble:
De 1885 à 1901, l’abbé Boudet (sauf intervalle précité)
verse a Mgr Arsène Billard des sommes considérables :
7 655 250 francs, que l’évêque de Carcassonne affecte à la
fondation religieuse de Brouille, et diverses œuvres
comme les Enfants de Saint-Vincent-de-Paul.
De 1887 à 1901, l’abbé Boudet verse à Mlle Denarnaud
des sommes très importantes : 3 679 431 francs qui
financent la réfection de l’église de Rennes-le-Château
et d’autres travaux !
De 1894 à 1903, l’abbé Boudet verse encore à Mlle De¬
narnaud des sommes, mais assez minimes : 837 260
francs. On ne trouve pas la moindre somme pour l’abbé
Bérenger Saunière; par contre on note quatre petits
versements au nom d’Alfred Saunière, frère de l’abbé
soit 10 000 et 15 000 francs en 1901, et deux fois
15 000 francs en 1903...
Ma conclusion se fera au cimetière de Rennes-les-
Bains où reposent la mère et la sœur de l’abbé Henri
Boudet. Combien de fois le prêtre, en ses dix-huit ans de
solitude, est-il venu se recueillir devant cette tombe
surmontée d’une croix fléchée? Combien de fois, levant
ses yeux bleus vers le ciel pour implorer sa miséricorde
aux « brebis égarées », son regard s’est-il arrêté au « Cap
de l’Homme», où «fut sculptée une belle tête du Sauveur
regardant la vallée » ? Nul ne sera capable de le dire ! Mais
maintenant le lecteur comprendra que la pensée de
l’abbé Boudet devait s’élever au-delà de cette tête, vers
cette Tour Magdala de Rennes-le-Château qui se trouve
36
37
exactement dans cet axe, là où résidait l’exécuteur de ses
œuvres, l’abbé Saunière, avec lequel il avait rompu
toutes relations. Il imaginera l’abbé Boudet se retirant du
cimetière, et esquissant un signe de croix en murmurant :
Jésus medèla vulnérum
Spes una pœnitentium
Per magdalenae lacrymas
Peccata nostra diluas.
Il le verra passer sous la potence du porche et pénétrer
dans son église, s’arrêter devant un vitrail sud représen¬
tant l’évêque Sergius Paulus, enfin méditer sur l’utilité de
cette décoration qu’il avait fait placer en 1886 comme la
première illustration de la page finale de son livre :
La Vraie Langue celtique et le Cromlech de Rennes-les-Bains
24 juin 1978
Pierre Plantard de Saint-Clair
ÉLÉMENTS
POUR UNE BIBLIOGRAPHIE
de l’“AfFaire de Rennes”
La majorité des titres que nous signalons traitent
directement de l’énigme de Rennes-le-Château et de sa
région. Nous avorts également cité quelques ouvrages se
rapportant à Gisors et à Stenay, estimant que leurs
“mystères” participent pleinement de notre sujet. De
même, nous n’avons pas hésité à inclure dans notre liste
quelques textes généraux comme La Géographie sacrée du
monde grec de Jean Richer que le lecteur curieux pourra
méditer avec profit. Certains titres hors commerce ne
peuvent être consultés qu’à la Bibliothèque nationale.
Bien que leur communication puisse être “hasardeuse”,
nous donnons les cotes de quelques-uns d’entre eux.
41
ALLIER Raoul : La Cabale des Dévots. Paris, 1902, Editions
Champion.
— La Compagnie du Très-Saint-Sacrement de l’Autel à
Toulouse : une esquisse de son histoire. Paris, 1914, Editions
Champion.
Anonyme : Le Livre des Constitutions de Sion. Genève, 1956,
Editions des Commanderies.
BARANTE : Essai sur le département de l’Aude. 1790.
BEAUCEAN Nicolas : Au pays de la reine Blanche. 1967. Hors
commerce.
BEGOUEN Henri : Une société secrète émule de la Compagnie
du Saint-Sacrement : VA.A. de Toulouse aux xvn* et xvill'
siècles. Paris, 1913.
— Ce que fut la Cabale des dévots. Paris, 1906.
BERTEREAU Martine de, baronne de Beausoleil : La
Restitution de Pluton. 1640. Republié au XIX' siècle
in Gobet : Les Anciens Minéralogistes de France.)
— Véritable déclaration de la découverte des mines et minières
de France. 1632.
BLANCASALL Madeleine : Les descendants mérovingiens et
l’énigme du Razès wisigoth. (Traduit de l’allemand par
Celse-Nazaire) Genève, 1963, Editeur Alpina.
BOREL Pierre : Trésor de recherches et antiquités gauloises et
françaises. Paris, 1655.
BOUDET Henri : La Vraie Langue celtique et le Cromlech
de Rennes-les-Bains. Carcassonne, 1886, François
Pomiès.
— Remarques sur la phonétique des dialectes languedociens
(présentation par Louis Fédié). In Mémoires de la Société
des Arts et Sciences de Carcassonne, tome VII, 1894-1895.
BOURDET Alexandre : Remarques sur l’histoire de Gisors.
1696.
BOURDON: Histoire du Languedoc. 1874.
BRUGUIERE Andrée : La Légende des Pyrénées. Cahors,
1921.
CARO Roger : Légende des Frères aînés de la Rose-Croix
(chez l’auteur, 83 St-Cyr-sur-Mer.)
CATEL Guillaume de : Mémoires de l’Histoire du Languedoc.
1633.
CATOGAN Valère : Le secret des Rois de France ou la véritable
identité d’Arsène Lupin. Paris, 1955, Editions de Minuit.
CHARPENTIER Louis : Les mystères templiers. Paris, 1969,
Robert Laffont.
42
43
CHARROUX Robert: Trésors du monde. Paris, 1962,
Editions J’ai Lu.
CHERISEY Philippe de : Circuit. Liège, 1971. Hors
commerce.
— L’Or de Rennes contre un Napoléon. Paris, 1976. Hors
commerce.
L Enigme de Rennes. Paris, 1978. Hors commerce.
CORBU Noël : Etude de Rennes par l’ingénieur Cross. 1964
Rennes-le-Château.
COUDERC Paul : Les Etapes de l’astronomie. Paris, 1955.
GC în?o RENT Docteur: Remes-les-Bains. Carcassonne
1942.
— Extrait des Mémoires de l’abbé Delmas. Toulouse
1941.
COURTAULY Abbé Joseph : Pierres gravées du Languedoc.
V îllarzel-du-Razès, 1962.
CROS-MAYREVIEILLE : Histoire du comté et de la vicomté
de Carcassonne.
DELAUDE Docteur Jean : Le cercle d’Ulysse. Toulouse,
1977. Hors commerce.
DELMAS Abbé: Mémoires. Rennes-les-Bains, 1709
(manuscrit chez M' Garcia, Limoux, reproduction
partielle par le docteur Courrent déposée à la biblio¬
thèque de Toulouse).
44
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XVIII e siècle. Bibliothèque municipale de Bar-le-Duc).
DENYAU Robert : Histoire polytique de Gisors. 1629.
DESCADEILLAS René : Rennes et ses derniers seigneurs.
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— “Mythologie du trésor de Rennes” in Mémoires
de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne. 4 e série,
tome VII, 2 e partie, juillet 1974.
DORIVAL Antoine: Tableau poétique de l’église de Gisors.
1629.
DOUMAYROU Guy-René: Géographie sidérale. Paris, 1975
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DUBREUIL Gédéon : Gisors et ses environs : histoire, légendes.
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DUPRAZ Louis : Contribution à l’histoire du Regnum Fran-
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FÉDIÉ Louis : Histoire du comté de Razès et du Diocèse d’Alet.
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FEUGÈRE Pierre : Le Serpent rouge. ■
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— Le Mystère des cathédrales. Paris, 1964, Jean-Jacques
Pauvert.
45
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GORZE: Cartulaire de Gorze. (Manuscrit 76 de la biblio¬
thèque de Metz.)
GRAND Roger: Recherches sur l’origine des Francs. 1965.
GROUSSET René : Histoire des croisades et du royaume franc
de Jérusalem. Paris, 1935, Plon.
GUINGUAND Maurice : Notre-Dame de Paris ou la magie
des Templiers. Paris, 1972, Robert Laffont.
L’Or des Templiers. Gisors ou Tomar? Paris 1973
Robert Laffont.
HUTIN Serge: Gouvernants invisibles et sociétés secrètes
Pans, 1971, Editions J’ai Lu.
JAFFUS A. : La Cité de Carcassonne et les trésors des Wisigoths.
Carcassonne.
JAFFUS Firmin : La cité de Carcassonne a-t-elle renfermé une
partie des trésors du Temple de Jérusalem? Carcassonne,
JEANTIN: Chroniques de l’Ardenne et des Woëvres. 1831.
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publiée d’après les originaux. Paris, 1911, Archives de l’Art
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JOURDANNE Gaston : Contribution au folklore de l’Aude.
46
LABOUISSE-ROCHEFORT Auguste de : Les Amours d’Eléo¬
nore. 1816 ou 1818 (avec cette épigraphe: ET IN
ARCADIA EGO).
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LAMOIGNON de BASVILLE: Rapport. 1734.
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Paris, 1957, Gallimard.
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LE FORESTIER René : La Franc-Maçonnerie templière et
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47
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48
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M. Descadeillas. Vestric, 1975, Edit, de l’Octogone.
— Le Mystère gothique. Paris, 1976, Robert Laffont.
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et les Croisades. Paris, 1970, Editions Byblos.
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STUBLEIN Eugène : Vieilles pierres du Languedoc. Limoux,
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VAISSETTE Dom et VIC Dom de : Histoire générale du
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VALLET Michel : L’aventure magique de Martine de Berterau.
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VAZARD Louis : Les Gouvernants et rois de France. Paris
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VINCENT Révérend Père : Histoire fidèle de Saint Sigisbert.
Abrégé de l’histoire de Saint Dagobert IL Nancy, 1702.
WEYSEN Alfred : L’Ile des veilleurs. Paris, 1972, Editions
Arcadie.
50
OUVRAGES HORS COMMERCE
(cote de la Bibliothèque nationale)
BE 50603 AN NlC ° IaS : Au ^ ayS de la reine Blanc he. 4 1 k ô
BLANC AS S AL Madeleine : L'énigme du Razès wisigoth.
16 1 k 7 50224.
L HERMITE Antoine : Un trésor mérovingien à Rennes-le-
Château. 8 lj 9 9537.
FEUGÈRE Pierre : Le Serpent rouge. 1967. 41k 7 50490.
LOBINEAU Henri (pseudonyme du comte Henri de
Lénoncourt) : Mérovingiens. Fol-Lm 3 4122.
ROUX S. : L'Affaire de Rennes-le-Château. 4 2-Pièce 831.
STUBLEIN Eugène : Vieilles Pierres du Languedoc. 8 Li 6
849. J
TOSCAN du PLANTIER Philippe : Dossiers secrets d'Henri
Lobineau. 4 1m 1 249.
52
REVUES :
Le Charivari :
— Les Archives du Prieuré de Sion. Numéro 18.
— Les Trésors Templiers. Numéro 19.
Le Grand Albert. Numéro 9.
Pégaze. Numéros 1 à 5.
Trésors et Recherches. Numéros 1 à 6.
53